Chefs-d’œuvre anciens
et regards d’aujourd’hui
Le Musée des beaux-arts de Montréal présente une diversité de formes artistiques
20 août 2025
Le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) s’apprête à vivre un automne et un hiver flamboyants. Au programme : peintures monumentales, marbres antiques, grands portraits photographiques, mais aussi des redécouvertes du patrimoine canadien et autochtone. Un mélange d’histoire et de modernité qui promet de faire vibrer les visiteurs de septembre 2025 à l’été 2026.
Un musée transformé et une programmation bouillonnante pour rappeler que l’art, qu’il vienne d’hier ou d’aujourd’hui, est une manière de nous raconter et de nous comprendre.
Si vous n’êtes pas allé au MBAM depuis quelque temps, préparez-vous à être surpris. Dès le 13 septembre, le pavillon Liliane et David M. Stewart renaît après des mois de rénovation. L’espace consacré aux arts décoratifs et au design dévoile un parcours flambant neuf, traversant plus de 600 ans de création. Meubles anciens, objets du quotidien, pièces maîtresses du design moderne : tout s’y croise dans une mise en scène repensée pour étonner et faire réfléchir.
Le clou du spectacle ? Le Soleil, spectaculaire sculpture de verre coloré signée Dale Chihuly, qui brillera désormais de façon permanente au cœur de l’installation. Pour la première fois, le public pourra aussi découvrir un espace dédié à l’orfèvrerie canadienne, un patrimoine discret mais fascinant.

De haut en bas et de gauche à droite : Walter Schluep | Maria Grazia Rosin | Arthur D. Bracegirdle | Michael Massie | Verner Panton | Manufacture de Sèvres, décor peint par Jean Georget (1763-1823)
Le 27 septembre, c’est au tour de Kent Monkman d’entrer en scène, avec une exposition qui s’annonce comme l’un des grands événements culturels de l’année. Intitulée L’Histoire est dépeinte par les vainqueurs, elle rassemble des œuvres éclatantes et monumentales de l’artiste crie de Fisher River, dont deux immenses toiles créées pour le Metropolitan Museum of Art de New York.
Kent Monkman, star de l’automne
Avec humour, ironie et un sens inouï de la narration visuelle, Monkman détourne la peinture d’histoire pour raconter l’Amérique du Nord autrement : celle vécue par les Premiers Peuples. Ses tableaux, flamboyants de couleurs et de détails, redonnent une place centrale aux Autochtones dans des récits trop souvent effacés. C’est une exposition coup de poing, mais aussi une traversée aussi spectaculaire que nécessaire.

Kent Monkman (1965-), mistikôsiwak (peuple aux bateaux en bois) : la résurgence du peuple, 2019
Le 29 novembre, c’est le 4e étage du pavillon Claire et Marc Bourgie qui s’ouvre sous un nouveau jour. Chaque année, il proposera un nouveau regard sur l’art québécois et canadien. La première de ces présentations, Soleils levants, mettra en avant les artistes des Confédérations des fleuves et des Grands Lacs. Leurs œuvres, entre traditions et modernité, donneront une voix puissante aux histoires et aux cultures autochtones.
Quand Rome débarque à Montréal
Si l’automne sera marqué par Monkman, l’hiver apportera un souffle antique. Du 14 mars au 19 juillet 2026, le MBAM accueillera une exposition spectaculaire : la collection Torlonia : chefs-d’œuvre de la sculpture romaine. Environ 60 statues, issues de la plus prestigieuse collection privée de sculptures romaines, feront le voyage depuis l’Italie jusqu’à Montréal – un passage unique au Canada.

Allégorie du Nil, dite Le Nil Barberini-Albani, 69-96 AEC, Rome, époque impériale, dynastie des Flaviens. Rome, collection Torlonia. © Fondazione Torlonia. Photo Lorenzo De Masi
Imaginez-vous face au regard impassible de l’empereur Marc Aurèle, en compagnie d’Hadrien, de Commode, ou croisant en chemin Hercule, Bacchus ou Cupidon. Ce sera comme une promenade dans la Rome impériale sans quitter la rue Sherbrooke. Pour les passionnés d’archéologie comme pour les simples curieux, c’est une occasion rarissime.
Lumières, mémoires et visages
Cette saison, le MBAM ne donne pas seulement rendez-vous aux amateurs d’arts anciens. Beaucoup d’espaces accueilleront aussi des explorations résolument contemporaines.
Au Carré d’art contemporain, l’artiste montréalaise Marie-Claire Blais pousse toujours plus loin son travail sur la lumière et la couleur avec Lumières déferlantes (jusqu’au 4 janvier 2026). Son installation, la plus ambitieuse de sa carrière, embarque le visiteur dans une expérience visuelle et sensorielle immersive.

Marie-Claire Blais (née en 1974), Fragiles équilibres, ensemble 2 (détail), 2024. Photo Pascal Grandmaison
De son côté, la photographe et performeuse canadienne Anique Jordan propose une réflexion forte sur la mémoire et la visibilité des corps noirs avec Replis (jusqu’au 1er février 2026), en collaboration avec la Biennale MOMENTA. Ses caissons lumineux, sculptures et photographies nous forcent à reconsidérer le rôle des images dans nos sociétés : montrer, invisibiliser, ou parfois redonner voix et présence.
Enfin, à partir du 12 février 2026, autre événement incontournable : Richard Avedon : Immortel. L’exposition, une première canadienne, rassemble près d’une centaine de portraits signés par le maître de la photographie du XXe siècle. Richard Avedon a capté des figures aujourd’hui légendaires : Samuel Beckett, Patti Smith, Toni Morrison, Truman Capote, Duke Ellington… Ses clichés, élégants et cruels à la fois, scrutent les visages et révèlent le passage du temps.

Richard Avedon (1923-2004)
Avec ses réouvertures de pavillons, ses grandes expositions internationales et ses dialogues entre œuvres anciennes et contemporaines, le MBAM prouve une fois de plus sa capacité à surprendre. Entre les marbres majestueux de Rome, les toiles flamboyantes de Monkman et les portraits intemporels d’Avedon, l’automne-hiver 2025-2026 s’annonce comme une saison où les époques se répondent et où les récits se réinventent.
Image d’entête : Skawennati (1969 ), Oniehtanó:ron (détail), de la série « Les quatre rois, revisités », 2022
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