Clavecin en concert :
Louanges et espérance
Trois cantates de Bach présentées cette année dans le cadre de l’intégrale à la salle Bourgie
Par Luc Archambault
7 décembre 2022
L’Ensemble Clavecin en concert a présenté trois cantates de Bach le 27 novembre à la salle Bourgie, dans le cadre de l’intégrale Louanges et espérance. La cantate BWV 149, Man singet mit Freuden vom Sieg « On chante la victoire avec joie », exalte la force de Dieu et de ses anges, accompagnant les fidèles dans la confiance. La cantate BWV 28, Gottlob! Nun geht das Jahr zu Ende « Dieu soit loué! L’année va maintenant à sa fin », prie Dieu de veiller sur ses fidèles durant la nouvelle année comme il l’a fait au long de l’année s’achevant. La cantate BWV 137, Lobe den Herren, den mächtigen König der Ehren « Loue le Seigneur, le puissant roi de gloire », est un chant d’action de grâce.
Ce concert, d’un raffinement exquis, a été interprété avec une excellence incroyable. Fidèle à son habitude, Luc Beauséjour mène ses musiciens et solistes de façon magistrale.
La série de l’Intégrale des cantates de J.S.Bach arrive dans la dernière année d’une plongée musicale entreprise il y a plus de 8 ans. Ce voyage en profondeur aura permis au public montréalais d’entendre plus de 200 œuvres d’une extraordinaire diversité d’expression et de sentiments, constituant un prodigieux univers sonore et spirituel.
Cantates de Bach BWV 28, 137 et 149
Luc Beauséjour : Chef
Jacqueline Woodley : Soprano
Florence Bourget : Mezzo-soprano
Louis-Charles Gagnon : Ténor
Geoffroy Salvas : Baryton
Avec l’Ensemble Clavecin en Concert
CANTATE BWV 149 : MAN SINGET MIT FREUDEN VOM SIEG
Gottes Engel weichen nie,
Sie sind bei mir allerenden.
Wenn ich schlafe, wachen sie,
Wenn ich gehe,
Wenn ich stehe,
Tragen sie mich auf den Händen.
Les anges de Dieu ne partent jamais,
iIs sont avec moi à toutes fins.
Quand je dors, ils se réveillent,
Quand je marche,
Quand je me lève,
Ils me portent sur leurs mains.
La cantate BWV 149, Man singet mit Freuden vom Sieg (On chante la victoire avec joie) met en scène la victoire de saint Michel contre Satan. Le livret fait suite à la victoire de l’archange, la bête ayant été finalement vaincue. La victoire de saint Michel est célébrée à la suite de ce terrible combat. À partir de la vision apocalyptique de l’archange terrassant le dragon, image du combat spirituel du bien qui l’emporte sur le mal, l’enseignement prodigué par le texte de la cantate poursuit la métaphore du triomphe. Puis est invoquée la protection des anges gardiens, dans un air de soprano où domine la douce lumière de la grâce. Et avant de conclure, c’est un duo de l’alto avec le ténor qui en appelle aux anges gardiens dans l’attente de la résurrection.
CANTATE BWV 28 : GOTTLOB! NUN GEHT DAS JAHR ZU ENDE
Gott hat uns im heurigen Jahre gesegnet,
Dass Wohltun und Wohlsein einander begegnet.
Wir loben ihn herzlich und bitten darneben,
Er woll auch ein glückliches neues Jahr geben.
Wir hoff ens von seiner beharrlichen Güte
Und preisens im voraus mit dankbarm Gemüte.
Dieu nous a bénis cette année
Pour que la bonté et le bien-être se rencontrent.
Nous le louons chaleureusement et demandons en outre
Qu’il souhaite également vous offrir une bonne année.
Nous espérons sa bonté persistante
Et le louons d’avance avec des coeurs reconnaissants.
Alors que l’année s’achève, la cantate BWV 28 Gottlob! Nun geht das Jahr zu Ende (Dieu soit loué ! L’année va maintenant à sa fin) a été conçue pour être jouée le dimanche qui suit la fête de Noël. En 1725 l’occasion se présenta donc pour Bach de composer un chant de louange étranger à toute liturgie. Le thème de cette cantate est une simple action de grâces, sans catéchèse ni prédication. Dieu a veillé sur ses fidèles au cours de l’année qui s’achève, il faut conséquemment le louer en le priant de poursuivre et d’accroître sa bénédiction dans l’année qui commence. C’est historiquement le tout premier chant de louange de l’Église luthérienne.
CANTATE BWV 137 : LOBE DEN HERREN, DEN MÄCHTIGEN KÖNIG DER EHREN
Lobe den Herren, der deinen Stand sichtbar gesegnet,
Der aus dem Himmel mit Strömen der Liebe geregnet;
Denke dran,
Was der Allmächtige kann,
Der dir mit Liebe begegnet.
Louez le Seigneur qui a visiblement béni votre domaine,
Qui a plu du ciel avec des torrents d’amour;
Rappelez-vous
Ce que peut faire le Tout-Puissant
Qui vous rencontre avec amour.
Avec l’âge, Bach ne compose plus guère de nouvelle cantate. La cantate BWV 137 Lobe den Herren, den mächtigen König der Ehren (Loue le Seigneur, le puissant roi de gloire) est composée en 1725 dans ses dernières années à titre de cantor, L’œuvre est basée intégralement sur un texte de Joachim Neander, du courant piétiste, d’où Bach a tiré ce cantate de louange. Imitant la stylistique des Psaumes (notamment les Psaumes 146 à 150), Neander commence chacune de ses cinq strophes par Lobe den Herren (Loue le Seigneur), créant ainsi un effet litanique. Ce texte devient un chant uniment consacré à la louange, sans la moindre évolution dans le discours ni la moindre intention catéchétique. Il faut simplement louer le Seigneur tout puissant, auteur de tant de bienfaits.
Ce concert, d’un raffinement exquis, a été interprété avec une excellence incroyable. Fidèle à son habitude, Luc Beauséjour mène ses musiciens et solistes de façon magistrale. Que dire d’un orchestre baroque qui compte un clavecin italien et un orgue positif? Qui rassemble une vingtaine de musiciens, et un chœur de neuf chanteurs, incluant les quatre solistes? Cet ensemble est du pur miel pour les oreilles.
Le seul hic découle de la prononciation allemande des solistes. Ayant malheureusement séjourné en Allemagne, l’oreille de votre serviteur a été sculptée par les mélopées germaniques. Certain(e)s des solistes ajoutent des fricatives (marque du génitif) là où il n’y en a pas et prononcent leurs diphtongues de bien bizarre manière. En contrée latine/anglo-saxonne, ce n’est qu’un détail, mais si jamais il était décidé de publier l’enregistrement de ce concert, il faudrait nul doute retravailler ces points. Parce qu’aux oreilles d’un/e germanophile, pareilles libertés agacent.
Concert du 18 décembre 2022
Le prochain concert de la série Intégrale des cantates de J.S. Bach sera présenté à la Salle Bourgie le dimanche 18 décembre.
Orchestre symphonique de Laval
Alain Trudel, chef
Le chœur Newman Chapel Choir
Adrian Ross, chef de chœur
Andréanne Brisson Paquin, soprano
Martina Myskohlid, mezzo-soprano
Louis-Charles Gagnon, ténor
Alexandre Sylvestre, basse
PROGRAMME
Cantates BWV 38 : Aus tiefer Not schrei’ ich zu dir
Du fond de ma détresse, je crie vers toi
Cantates BWV 57 : Selig ist der Mann
Bienheureux, l’homme
Cantates BWV 121 : Christum wir sollen loben schon
Nous devons louer vraiment le Christ
Images : Dominic Blewett
Luc Archambault, écrivain et journaliste, globe-trotter invétéré, passionné de cinéma, de musique, de littérature et de danse contemporaine, est revenu s’installer dans la métropole pour y poursuivre sa quête de sens au niveau artistique.
There are no comments
Ajouter le vôtre