Le Festival TransAmériques
une expérience unique
Martine Dennewald, codirectrice artistique du FTA, explique les choix du festival
Par Irwin Rapoport
30 mai 2024
Montréal a bien mérité sa réputation de « ville des festivals » et, tout au long du printemps, de l’été et de l’automne, les habitants de cette ville auront l’embarras du choix. La 18e édition du Festival TransAmériques, qui plonge le public dans une expérience sensorielle et artistique unique, s’achève le 5 juin. Les Montréalais ont encore l’occasion d’assister à des spectacles de théâtre et de danse provenant de plus d’une douzaine de pays, dont huit premières mondiales, huit premières nord-américaines et neuf coproductions. Les spectacles sont surtitrés en anglais et en français, ce qui les rend accessibles à tous.
Le FTA stimule sans aucun doute l’imagination en plongeant dans la complexité du monde qui nous entoure et en présentant des spectacles audacieux et radieux dans dix langues différentes, dont l’anglais, le français, le portugais, l’anishinaabemowin, l’inga, l’espagnol, l’arabe, le créole haïtien et le bambara, en provenance de 15 pays différents. Ce festival international des arts de la scène, le plus grand festival de ce type en Amérique du Nord consacré à la célébration de l’art de la danse et du théâtre, continue d’évoluer et d’élargir son champ d’action.
Organisé par les codirectrices artistiques Martine Dennewald et Jessie Mill, le festival transcende les frontières entre les formes d’art. Cette année, des artistes du monde entier explorent l’amour et l’érotisme, les multiples pouvoirs du théâtre et le potentiel inhérent aux jeux vidéo et à l’intelligence artificielle. L’art, le savoir et la pensée autochtones seront à nouveau mis à l’honneur, pour une célébration vibrante de la vitalité artistique au Québec et ailleurs.
Pour assurer la diversité des spectacles, Mill et Dennewald ont parcouru le monde à la recherche d’œuvres audacieuses et de perspectives nouvelles pour surprendre, émouvoir et interpeller l’exigeant public montréalais. « Le programme du festival de cette année ne cherche en aucun cas à ignorer le désordre mondial, mais nous faisons appel à la poésie, à la reconnaissance de la complexité qui nous entoure et à la possibilité de raconter des histoires différemment », déclarent Dennewald et Mill. « Les plantes parlent, un chien chante, un conteur défie la machine. Les artistes nous disent que rien n’est universel, ni les liens familiaux fondamentaux, ni les vérités de l’histoire, ni les binaires de l’ancien et du nouveau… Si cette planète est en feu, ne devrions-nous pas nous appuyer sur d’autres types de relations et apprendre à utiliser d’autres langues aussi vite que possible ? »
Le FTA stimule l’imagination en plongeant dans la complexité du monde qui nous entoure en proposant des spectacles audacieux dans dix langues différentes en provenance de 15 pays.
Le jour, le siège de la FTA est un café qui accueille les activités gratuites de la FTA. La nuit, c’est le centre de la fête avec une programmation étonnante de DJs préférés. Des informations détaillées sur la page de chaque production comprennent des clips vidéo, des photos, des interviews et des biographies d’artistes via fta.ca, ainsi qu’un lien vers l’éditorial des réalisateurs.
Martine Dennewald, codirectrice artistique du Festival TransAmériques, a bien voulu répondre à quelques-unes de nos questions.
WM : Que recherchez-vous en sélectionnant ces œuvres du monde entier ?
Dennewald : Il serait facile de dire que nous recherchons l’excellence artistique et nous voulons certainement présenter à Montréal ce qui se fait de mieux en danse et en théâtre. En même temps, en tant que codirecteurs artistiques, Jessie Mill et moi-même devons être sensibles à ce que les artistes créent dans de nombreux endroits du monde. Nous devons être conscients de nos propres préjugés et de nos angles morts : Qu’est-ce qu’on nous a appris à considérer comme une œuvre exceptionnelle ? Qu’est-ce qui nous échappe ? Comment nous assurer que nos choix s’adressent à de nombreux publics différents ? Nous nous efforçons de créer une expérience exceptionnelle pour tous ceux qui participent au festival.
‘De jour comme de nuit, festivaliers, artistes, travailleurs culturels, professionnels de l’industrie et amateurs d’art s’engagent dans des débats et des discussions animés sur les arts de la scène.’
– Communiqué de presse du Festival TransAmériques
WM : Comment avez-vous été impliqué dans le Festival et que représente-t-il pour vous ?
Dennewald : Alors que Jessie a travaillé pour le FTA pendant de nombreuses années en tant que conseillère artistique et dramaturge, je n’ai quitté l’Europe pour m’installer à Montréal qu’il y a trois ans, après que nous ayons posé notre candidature ensemble. Notre modèle de leadership est basé sur une vision commune forte pour le Festival, et nos différents parcours et origines sont utiles pour déterminer comment et pourquoi nous choisissons tel ou tel spectacle, ce que cela signifie pour notre public et pour les diffuseurs internationaux de théâtre et de danse qui viennent chercher des œuvres créées à Montréal, au Québec et au Canada.
WM : Quels types de spectacles les gens peuvent-ils espérer voir, en particulier ceux qui n’ont jamais fréquenté le Festival ?
Dennewald : Il y a une grande variété de danse, de théâtre et de performances que l’on peut voir : La chorégraphie complexe et kaléidoscopique de Catherine Gaudet dans ODE (elle a reçu le Grand Prix de la danse de Montréal en 2022) ; un jeu vidéo interactif au Théâtre Centaur intitulé asses.masses ; un groupe puissant, charmant et turbulent de cinq interprètes issus de la communauté transgenre dans Prophétique de Nadia Beugré ; ou encore Weathering de la chorégraphe new-yorkaise Faye Driscoll, primé par l’OBIE, pour n’en citer que quelques-uns à ne pas manquer.
WM : Qu’espérez-vous que les festivaliers et les visiteurs apprécieront au FTA ?
Dennewald : La programmation du FTA est composée de spectacles exceptionnels qui combinent des choix artistiques passionnants avec de vraies réflexions sur la direction que prend notre société. Il se peut que vous quittiez le théâtre avec plus de questions que de réponses, et nous pensons que c’est une excellente chose !
WM : Qu’est-ce que le festival apporte à la ville ?
Dennewald : Nous espérons qu’il apportera des expériences que notre public n’oubliera jamais, tant pour l’impact émotionnel des spectacles que pour les réflexions qu’ils suscitent. On peut le voir dans leurs yeux lorsqu’ils quittent le théâtre ! Et parfois, ils parlent encore de ce qu’ils ont vu des années, voire des décennies plus tard.
Image d’entête : ODE, de Catherine Gaudet, par Julie Artacho
Irwin Rapoport est un journaliste indépendant titulaire d’une licence en histoire et en sciences politiques de l’Université Concordia.
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