Monument 0 :
Hanté par la guerre (1913-2013)
Une chorégraphie grandiose d’Eszter Salamon au FTA
Par Luc Archambault
31 mai 2017
Née d’une préoccupation face à l’histoire du colonialisme occidental, la Hongroise Eszter Salamon a puisé dans les sources tribales, notamment africaines et asiatiques, une chorégraphie remplie d’amples gestuels guerriers afin de dresser un portrait de toutes les guerres et conflits ayant parsemés le centenaire depuis 1913. Il est certain que, du point de vue d’une européenne de l’est, ce colonialisme représente un mur d’atrocités et de violences perpétrées au nom d’un idéal obtus et sombre. Et cette chorégraphie représente bien cette triste réalité.
Six danseurs, deux femmes et quatre hommes, se partagent la scène. En solos, duos, en formations diverses, ils dansent tous avec une fougue qui semble sortir d’une transe ensorcelée. On reconnaît par moment les danses tribales d’origine africaine, asiatiques; dommage que Salamon n’ait pas exploré la réalité des Amériques. En effet, certains mouvements semblent s’apparenter aux gestuels autochtones.
Un portrait de toutes les guerres et conflits ayant parsemés le centenaire depuis 1913
En conclusion de sa magnifique chorégraphie, un majestueux danseur africain, avec sa redingote et son large chapeau, blancs comme neige, tenant sa canne et faisant tomber toutes les affiches évoquant les années de conflits coloniaux, rappelle quant à moi le Baron Samedi du vaudou. Une recherche dans cette direction serait probablement riche en découverte.
Ce spectacle a l’honneur d’être une première Nord-Américaine, encore une fois une magnifique découverte du FTA. Il découle d’années de recherche, tant au niveau des mouvements des corps que des archives visuelles de danses tribales. Dans sa quête chorégraphique, Eszter Salamon cherche à repousser les limites d’un horizon qui se referme trop facilement sur des préconceptions, tant au niveau corporel que gestuel.
Je ne saurais vous recommander assez ardemment de courir voir ce spectacle, qui se termine malheureusement ce soir, 31 mai (il n’est, comme la majorité des spectacles du FTA, qu’à l’affiche deux soirs consécutifs). N’hésitez pas une seule seconde. Si vous aimez la danse contemporaine, ce spectacle est un ‘must’.
Plus d’information au FTA – Festival TransAmériques
Images: Festival TransAmériques
Luc Archambault
Écrivain et journaliste, globe-trotter invétéré, passionné de cinéma, de musique, de littérature et de danse contemporaine, il revient s’installer dans la métropole pour y poursuivre sa quête de sens au niveau artistique.
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