L’érudition mène-t-elle à une pensée supérieure?
Conférence de choses, ou la vacuité du savoir encyclopédique
Par Luc Archambault
S’inspirant de l’Internet, de Wikipédia et d’autres méthodes de transmission des connaissances contemporaines, où le hasard des recherches et surtout des résultats de celles-ci peuvent remplir nombre de pages avec bien peu de profondeur, François Gremaud et son accolyte, Pierre Mifsud, ont concocté un spectacle, ou plutôt une série de six spectacles, s’apparentant plutôt à des conférences, d’une durée de 53 minutes chacune, chronomètre à l’appui et utilisé sur scène afin d’en délimiter précisément la durée, avec une finale fleuve de six heures pour conclure ce spectaculaire tour de force. Le lieu des représentations change à chaque soir, question de s’inspirer d’une visite de divers lieux.
Le lieu des représentations change à chaque soir, question de s’inspirer d’une visite de divers lieux.
De quoi est-il question ? Lors de la première, François Gremaud est passé de l’historique du Monument National, lieu de la présentation, à celui de Sarah Bernhardt et de son passage à Montréal, pour aboutir aux affres de la consommation, du transport en commun, de tout et de rien, presque. Un flot ininterrompu de paroles, un texte dense, rempli d’humour et de clins d’œil, un regard sur le chaos contemporain de l’édifice du savoir, non pas encyclopédique, car tout y est rangé de manière logique, mais bien wikipédique, découlant d’un furetage sans réserve sur Internet.
D’emblée, ce comédien et metteur en scène helvète choisi de promouvoir l’émerveillement et la curiosité comme valeurs premières de ce défrichage intellectuel en règle, non pas scientifique mais prônant l’idiotie, vue ici non pas comme un état de stupidité mais bien comme une fraîcheur de perspective face à la vastitude du savoir, où chaque information en vaut une autre.
Dans ce nivellement massif qui caractérise le monde contemporain, « Il faut savoir développer l’attitude d’un ivrogne face à son étonnement devant une fleur, surpris par cette présence soudaine et singulière », dit-il, à la fois génial et profondément naïf, du moins, en apparence.
Pour ceux que la performance finale de six heures effraie, vous pouvez vous rabattre sur les conférences de 53 minutes présentées jusqu’à samedi soir. La performance fleuve aura lieu, quant à elle, dimanche 4 juin à l’auditorium de la Grande Bibliothèque, la BAnQ, situé au 475 de Maisonneuve est. Soyez assurés d’un désarçonnement intellectuel total, face à une logorrhée menée de main de maître. Une autre trouvaille, un autre joyau de édition 2017 du FTA.
Conférence de choses – François Gremaud + Pierre Mifsud au FTA, du 29 mai au 4 juin
31 mai / Le Balcon – Église Unie St. James de Montréal
1 juin / Musée Redpath
2 juin / BAnQ Vieux-Montréal
3 juin / Chapelle historique du Bon-Pasteur
4 juin / Auditorium de la Grande Bibliothèque
Plus d’information au FTA – Festival TransAmériques
Images: Festival TransAmériques
Lire aussi 100% Montréal : la ville scrutée à la loupe
Luc Archambault
Écrivain et journaliste, globe-trotter invétéré, passionné de cinéma, de musique, de littérature et de danse contemporaine, il revient s’installer dans la métropole pour y poursuivre sa quête de sens au niveau artistique.
There are no comments
Ajouter le vôtre