Les Idées Heureuses,
Le baroque à son meilleur
Le cycle de l’intégrale des cantates de Bach entre dans sa troisième année
Par Luc Archambault
4 février 2017
La Salle Bourgie est actuellement le théâtre de la présentation d’une intégrale des cantates de Bach. Cette intégrale en est à sa troisième année. Les Idées Heureuses, cet ensemble baroque sous la baguette de Geneviève Soly, poursuivait ce défrichage majeur, et constituait le 5e concert de cette série. Ce concert sera suivi par l’Ensemble Caprice (le 26 février), le Banquet Céleste (le 26 mars) et clôturera cette saison par Clavecin en concert (le 23 avril). La présentation des cantates de Bach est une aventure qui fut imaginée par Isolde Lagacé, la directrice générale et artistique de la Fondation Arte Musica. L’intégrale a pris sont envol à la saison 2014-2015 et se terminera en 2022 .
Le 29 janvier dernier, à la salle Bourgie, le maestro Florian Heyerick, un spécialiste de Graupner (tiens, tiens, on devine là les atomes crochues avec madame Soly) a dirigé l’ensemble des Idées Heureuses ainsi que les solistes Marie Magistry (soprano), Claudine Ledoux (mezzo-soprano), François-Olivier Jean (ténor) et Philippe Martel (baryton-basse) dans le cade de ce concert quasi-religieux de nature… et de qualité.
Les cantates BWV 14 (Wär Gott nicht mit uns diese Zeit, Si Dieu n’était pas aujourd’hui avec nous), BWV 13 (Meine Seufzer, meine Tränen, Mes soupirs, mes larmes), et BWV 116 (Du Friedefürst, Herr Jesu Christ, Toi, prince de la paix, Seigneur Jésus Christ) formaient l’ensemble de cette programmation haute en couleur. Car si les thématiques propres à chacune de ces cantates semblent aléatoirement choisies, elles suivent le cycle liturgique, chaque concert présente au moins une cantate du jour pour lequel elle a été écrite. Les constructions musicales, pour leurs parts, reflètent une tension en constante expansion. Commençant par la BWV 14, avec son contrepoint savamment construit autour des paroles traduites par Luther, qui relèvent la menace que constitue le Mal guettant la faiblesse des chrétiens (dans le récitatif), il revient au baryton-basse de proclamer la toute puissance divine. On passe ensuite à la BWV 13, au ton de désespoir accentué, où tout chrétien croit appeler Dieu en son heure de détresse, thème qui imprègne cette cantate de bout en bout. Le concert se termine avec la cantate BWV 116, véritable imploration vers Dieu face au désespoir de la situation humaine. Décrivant toute l’angoisse du croyant, elle se termine par un appel soutenu à la grâce divine (toi seul peux nous sauver).
Les Idées Heureuses, cet ensemble baroque sous la baguette de Geneviève Soly, poursuivent leur exploration majeure de l’œuvre de Bach, notamment ses cantates.
Et quels solistes ! Ceux-ci rendent, avec une voix parfaite, les paroles de ces hymnes à Dieu. Vraiment, c’en est presque à se convertir sur-le-champ ! Cette élaboration vocale est soutenue par le chœur de l’ensemble Da Capo. Et les musiciens des Idées Heureuses, tous meilleurs les un(e)s que les autres… que dire de cet orgue quasi-magique, qui orne et ancre ces mélopées d’un air de majestuosité… vraiment, cet ensemble concocté par la magicienne Geneviève Soly aurait difficilement pu trouver un meilleur temple pour s’y produire que cette salle Bourgie.
Il ne reste plus qu’à espérer l’enregistrement de cette intégrale (en plus de celle de Graupner) des cantates de Bach pour immortaliser cette convergence de tant de talent et de profondeur musicale. Parce que les Idées Heureuses, en tant que magnifique orchestre, crée une accoutumance à la musique de haut niveau, et renforce l’adage qui veut que les absents aient toujours tort… dans ce cas-ci, ils auront manqué un concert de haute, très haute qualité.
Le prochain concert au programme pour les Idées Heureuses aura lieu le 14 avril et s’intitule Concert de la Passion, avec l’œuvre de François Couperin les Leçons de Ténèbres pour le Mercredi saint. Quant au prochain concert des cantates de Bach, le concert VI de l’an III, celui-ci aura lieu le 26 février prochain, en compagnie de l’Ensemble Caprice. À ne pas manquer.
Image : Robert Etcheverry
Luc Archambault
Écrivain et journaliste, globe-trotter invétéré, passionné de cinéma, de musique, de littérature et de danse contemporaine, il revient s’installer dans la métropole pour y poursuivre sa quête de sens au niveau artistique.
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