Publication de la biographie
de Bicycle Bob Silverman
Le co-auteur John Symon discute de la vie et de l’influence de Silverman
Par Irwin Rapoport
16 octobre 2025
Le lancement du livre Bob Silverman: vélorutionnaire, une biographie de « Bicycle Bob » Silverman, coécrite par John Symon et Stéphane Desjardins, aura lieu à 17 h le 21 octobre à la Maison des Cyclistes (1251 Rachel Est) pour célébrer le 50e anniversaire de la fondation du groupe militant le Monde à bicyclette (MàB). Selon les auteurs, ce groupe a radicalement transformé le paysage montréalais, faisant de Montréal l’une des villes les plus favorables aux cyclistes au monde. Le 8 septembre, la Ville de Montréal a officiellement donné le nom de Robert Silverman à une piste cyclable du Réseau express vélo (REV) sur la rue St-Denis en reconnaissance de ses efforts pour promouvoir le cyclisme en ville.
John Symon, auteur du guide touristique populaire The Lobster Kids’ Guide to Exploring Montreal, et Stéphane Desjardins, auteur de plusieurs guides financiers et d’un roman de science-fiction, ont tous deux connu Silverman personnellement.

Co-auteur John Symon (à gauche) avec Bob Silverman • Image : ©John Symon
Robert Silverman, natif de Montréal, est né en 1933 et est décédé le 20 février 2022 à Sainte-Agathe-des-Monts. Élevé dans le quartier Snowdon, Silverman a été qualifié de l’étincelle de la révolution cycliste au Canada selon Jeff Mapes, auteur de Pedalling Revolution. Certains l’appellent le grand-père du mouvement cycliste au Canada, et ses tactiques pour faire avancer le cyclisme ont été reprises dans d’autres villes canadiennes. Symon a remarqué : « Avec sa petite équipe du Monde à bicyclette (MàB) et quelques alliés tels que Vélo Québec, il a accompli ce qui semblait d’abord impossible : transformer Montréal d’une ville très peu accueillante pour les cyclistes à la plus accueillante d’Amérique du Nord. »
Mais Silverman se concernait pour bien plus que le vélo ; la biographie cite Leonard Cohen, Bob Dylan, Armand Vaillancourt, ‘Che’ Guevara, Phyllis Lambert, Claire Morissette, Ivan Illich et bien d’autres.
Qualifié de prophète avant son temps, Silverman était excentrique, voire farfelu dans ses méthodes, selon Symon. Même ses amis le décrivaient comme dogmatique et difficile, mais il s’est avéré étonnamment efficace. Silverman plaisantait en disant qu’il préférait tenter l’impossible, car réaliser ce qui est possible était ennuyeux.
Silverman a appelé à la création du système de location de vélos BIXI en 1975 et a aussi largement contribué à l’introduction du volleyball extérieur à Montréal.
Silverman, un vrai personnage montréalais, n’a pas eu une vie facile. Sa biographie souligne qu’il a eu des difficultés à l’école, a quitté deux universités, a été renvoyé de l’entreprise de son père et a fait une tentative de suicide. En 1960, il a ouvert une librairie indépendante, mais celle-ci a rapidement fait faillite. Il a aussi vécu la dissolution de deux mariages et s’est éloigné de sa famille, vivant de manière précaire pendant la majeure partie de sa vie.
En 1959, il a rejoint le mouvement Ban the Bomb, qui, selon les auteurs, a donné à Silverman un nouveau but dans la vie grâce au service communautaire. Ce mouvement, toujours actif aujourd’hui, milite pour la paix, l’environnement, l’activisme social et contre l’utilisation des armes nucléaires.
Ce mouvement l’a conduit à s’opposer activement à la guerre du Vietnam, à organiser des syndicats, à travailler à la préservation du patrimoine architectural de Montréal, à militer pour l’environnement, à s’opposer au nucléaire, à promouvoir les droits palestiniens et, bien sûr, à défendre les droits des cyclistes.
Il s’agit du premier livre sur Silverman destiné à un public adulte, qui cherche à comprendre ce qui animait l’homme. Les auteurs explorent également les inspirations de Silverman et les raisons pour lesquelles la méthodologie du Monde à bicyclette (MàB) a été si efficace. Cette biographie, à la fois divertissante et facile à lire, comprend néanmoins une bibliographie substantielle et environ 400 références.
‘Silverman était excentrique, voire farfelu, dans ses méthodes. Même ses amis le décrivent comme dogmatique et difficile à côtoyer, mais au final, il s’est révélé d’une efficacité étonnante.’
– John Symon
« Trois mots — inspirant, infatigable, créatif », ainsi que le décrit l’auteur et journaliste britannique Carlton Reid. Reid a dédié son livre Bike Boom à Silverman et aux autres militants du vélo des années 1970 et 1980.
Symon décrit Silverman comme un maître du théâtre de rue, ou « cyclodrames », démontrant qu’il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup d’argent pour changer le monde. Costumes colorés, défilés bruyants, cyclistes ailés, désobéissance civile, die-ins et même chantage envers un ministre faisaient partie de la boîte à outils de Silverman. Lui et le Monde à bicyclette (MàB) faisaient souvent la une dans les années 1970 et 1980, ridiculisant les incohérences de l’administration Drapeau, qui refusait obstinément de reconnaître que les cyclistes avaient aussi des droits. Les idées parfois farfelues de Silverman étaient ensuite perfectionnées et mises en œuvre avec brio par sa collègue, Claire Morissette.
Desjardins estime que l’héritage de Silverman finira par surpasser celui de l’ancien maire Jean Drapeau, « parce que la vision de Silverman est plus enracinée dans la base. Elle touche les réalités quotidiennes. Le seul véritable accomplissement de Drapeau dans ce domaine, c’est le métro ».

Membre du Monde à bicyclette (MàB), déguisé en éléphant, appréhendé par la police • Image : courtoisie Fonds d’archives Le Monde à bicyclette
Lors du lancement du livre, les co-auteurs liront des extraits à voix haute et répondront aux questions sur Silverman, tout en signant des exemplaires. Lors d’une séance de questions-réponses, Symon a parlé de Silverman et de l’écriture du livre :
WM : Qu’est-ce qui vous a inspiré à écrire une biographie sur Silverman, et comment décririez-vous le processus de recherche et d’écriture ?
Symon : Je l’ai rencontré pour la première fois en jouant au volleyball au parc Jeanne-Mance. En apprenant à le connaître, j’ai réalisé qu’il avait une histoire fascinante. Je lui ai proposé d’écrire sa biographie, et il m’a donné sa bénédiction. Malheureusement, Silverman n’a vu que les versions préliminaires des deux premiers chapitres avant son décès en 2022. Cette biographie a nécessité cinq ans de travail, pendant lesquels j’ai refait ma vie, travaillé comme chauffeur d’autobus à temps plein et rénové ma maison. Bref, cinq ans passent vite !
WM : Qu’est-ce qui a poussé Silverman à devenir un ardent défenseur du cyclisme, et comment aurait-il réagi à la rédaction de sa biographie ?
Symon : Après la faillite de sa librairie, sa mauvaise cote de crédit l’a empêché d’acheter une voiture, alors il a acheté un vélo. Sa maison d’enfance a été détruite pour faire place à l’autoroute Decarie, l’amour de sa vie est mort dans un accident, et il a lu de nombreux auteurs critiques de la culture automobile, comme Ivan Illich ou Jane Jacobs. Silverman m’a demandé d’écrire son histoire « warts and all» (avec ses défauts). Je pense qu’il voulait montrer à sa famille qu’il avait accompli quelque chose de significatif.
WM : Comment décririez-vous ses méthodes de militantisme et leur efficacité, et quels aspects de sa campagne décennale mettriez-vous en avant ?
Symon : Silverman était étonnamment efficace pour provoquer des changements sociaux. Il avait peu d’argent mais utilisait beaucoup le théâtre de rue. Quand on l’ignorait, il ridiculisait ses opposants et ses alliés. En 1981, face à une interdiction totale d’accès des cyclistes au métro et aux ponts du fleuve, le Monde à bicyclette (MàB) a annoncé une conférence de presse révélant comment les vélos pourraient traverser le fleuve. Silverman est apparu déguisé en Moïse avec un grand bâton, appelant haut et fort le Tout-Puissant à séparer les eaux pendant que ses collègues essayaient de vider le Saint-Laurent avec des seaux. Ce coup de théâtre a fait la une à travers le Québec et le Canada.
‘Silverman m’a demandé d’écrire son histoire de vie sans ménager ses défauts. Je pense qu’au fond, il voulait un tel document pour le montrer à sa famille et prouver qu’il avait accompli quelque chose qui valait la peine d’être fait.’
– John Symon
Des actions ultérieures ont impliqué des cyclistes collant des ailes dans leur dos pour imiter Icare, espérant voler au-dessus du fleuve de véhicules. Lorsque René Lévesque a promis des fonds pour les pistes cyclables mais a ensuite retardé leur versement, Silverman s’est montré habillé de rouge, comme un cardinal, devant le congrès du Parti Québécois en 1977 pour « exorciser » les mauvais esprits. Cette action a gêné le PQ, qui a alors respecté sa promesse électorale. Silverman ne craignait pas d’être arrêté pour faire passer un message ; il a même passé du temps à la prison de Bordeaux pour avoir illégalement peint certaines des premières pistes cyclables à Montréal.
WM : Pouvez-vous nous en dire plus sur sa librairie et ce qui la rendait unique ?
Symon : La librairie de Silverman à la rue Stanley était la première au Canada à inclure un café sous le même toit. Ce café attirait des poètes et des musiciens, dont Leonard Cohen et, en 1962, ce qui semble avoir été la première prestation de Bob Dylan hors des États-Unis. L’annonce dans le journal suggérait que ce concert était gratuit ! Je soupçonne que les sœurs McGarrigle ont aussi fait leurs débuts là-bas, sans preuve solide toutefois. Malgré cette notoriété, Silverman ne savait pas faire de l’argent ; il décourageait les clients d’acheter des livres et les encourageait plutôt à emprunter. La librairie a rapidement fait faillite.
WM : En dehors du cyclisme, quelles étaient les autres passions de Silverman, et comment le décririez-vous en tant que personne ?
Symon : Ses autres passions incluaient le volley-ball, le cyclotourisme, la cuisine vietnamienne et la poésie. Il était excentrique, doté d’un grand savoir, dogmatique au point d’être difficilement discutant, mais il avait un cœur d’or.
WM : Vous souvenez-vous de vos dernières conversations avec Silverman, et que dirait-il de son héritage à la lumière du réseau de pistes cyclables à Montréal ?
Symon : Silverman souffrait de démence vers la fin, et mes dernières conversations avec lui étaient un peu confuses. Peut-être puis-je utiliser les dernières conversations de Silverman avec la conseillère municipale Marianne Giguère ? Elle a suggéré un jour de dédier les pistes cyclables de la rue St-Denis à Silverman, et Bob en était ravi ! Cette dédicace a été formellement faite par la mairesse Valérie Plante en septembre dernier. Mais ses partisans avaient déjà nommé officieusement cette piste à son nom en 2022.
Image d’entête : membres du Monde à bicyclette (MàB) vers 1980. Silverman est au centre de la rangée du haut, avec Claire Morissette en dessous. Le co-auteur Stéphane Desjardins (barbu) est à gauche de Morissette. Photo courtoisie du Fonds d’archives Le Monde à bicyclette. Photographe inconnu.
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Irwin Rapoport, journaliste indépendant, a obtenu une maîtrise en histoire et en sciences politiques à l’Université Concordia.





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