Superwoman est brûlée et
Superman souffre d’angine
Le super-héros en nous finit parfois par s’effondrer ou même mourir si c’est lui qui mène notre vie
Par Nevine Shazli
Précédemment publié dans WestmountMag.ca
Nous connaissons tous quelqu’un qui croît qu’il peut tout faire et tout avoir. Cette personne est peut-être celle qu’on voit dans le miroir. Le super-héros en nous finit parfois par s’effondrer ou même mourir si c’est lui qui mène notre vie. Il est temps de repenser l’idée du super-héros; notre archétype Superman ou Superwoman est celui à qui nous devons faire appel lorsque la vie exige que nous soyons forts, mais il doit aussi être mis de côté quand d’autres archétypes sont mieux indiquées.
Cela fait quelques semaines que je rêve de m’évader, de partir en voyage. Une retraite de yoga au Costa Rica… Un séjour de dix jours serait idéal, puisque sept jours ne suffisent pas pour décompresser totalement, et deux semaines me sembleraient trop longues. En auto, je me retrouve à vouloir prendre la direction de l’aéroport. Est-ce seulement l’hiver et le manque de vitamine D? Je prends des suppléments de vitamines D3, mais ça ne remplace pas la source naturelle qu’est mon cher soleil.
Si Superwoman demeure en charge, elle continuera à courir comme le lapin Energizer jusqu’au jour où elle s’épuisera complètement.
Non. C’est que j’opère en mode « superwoman » depuis longtemps et l’épuisement s’est installé. Il y a mon rôle de mère, les responsabilités domestiques et familiales, et mes multiples projets d’entrepreneure; Superwoman a été trop occupée et elle est fatiguée. Elle doit maintenant enlever sa cape de super-héros. C’est suite à de multiples virus consécutifs que j’ai pu arrêter et voir que la super-héros en moi est à risque de se surmener, et si elle demeure en charge, elle continuera à courir comme le lapin Energizer jusqu’au jour où elle s’épuisera complètement.
Réévaluer l’archétype du super-héros
La femme moderne d’aujourd’hui tend au même succès en affaires que l’homme contemporain et vise les signes extérieurs de succès tels que postes et salaires avantageux, tout en s’occupant de ses enfants et en voulant sauver la planète ! À vrai dire, les femmes croient qu’elles peuvent faire tout cela avec un grand cœur. Mais à un moment donné, on va se ramasser avec les pots cassés.
Pour l’une, c’est peut-être de se concentrer sur sa carrière et sacrifier son implication au sein de la famille. Pour une autre, c’est son état de santé qui nécessite qu’elle prenne du temps pour elle-même et qui réduirait la priorité de ses besoins financiers et matériaux. Si les besoins des enfants sont en haut de sa liste de priorités, l’attention accrue qu’elle leurs accorde signifie aussi que ses visites au gym sont moins fréquentes et que l’embonpoint guette. Et alors? C’est parfait comme ça ! Soyons douces avec nous-mêmes. Superwoman reviendra quand on aura besoin d’elle. N’importe quel défi dans la vie exigera qu’elle apparaîsse pour nous donner de sa force et de son courage. Mais elle ne peut pas être la personnalité principale tout le temps.
Le complexe de Superman
L’homme a toujours eu un certain complexe de Superman : Il a besoin de s’occuper de tout, et il veut avoir le contrôle. Une carrière remplie de succès, un certain statut social, un corps en forme et un rôle qui satisfait son image de pourvoyeur des besoins de sa famille. Ce sont toutes des généralisations, mais un certain mode « testostérone » est présent génétiquement chez l’homme tout comme l’instinct maternel l’est chez la femme.
Par contre, l’homme d’aujourd’hui doit aussi changer les couches, passer l’aspirateur, rénover le sous-sol, passer du temps de qualité avec sa famille et être un Ricardo à la cuisine. Et, bien sûr, il doit aussi jouer au prince charmant avec sa chérie. On peut donc voir que «tout faire et tout avoir» est une attitude qui s’applique aux deux sexes.
‘Superman aussi est fatigué! Et s’il manque d’autocritique, sa condition peut facilement devenir chronique et finir par l’achever.’
Parce que l’homme connaît une certaine pression extérieure depuis des générations, il s’est adapté à ce stress et, au lieu de s’écraser soudainement, il développe une condition telle que l’angine, à risque de crise cardiaque ou d’AVC. Superman aussi est fatigué ! Et s’il manque d’autocritique, sa condition peut facilement devenir chronique et finir par l’achever. Saviez-vous que la majorité des crises cardiaques surviennent le lundi matin, entre 4h et 10h du matin?
Les archétypes majeurs universels
Selon la psychologie jungienne, il existe quatre archétypes majeurs universels. Ce sont des personnalités que nous avons tous en nous. Idéalement, celles-ci devraient être en équilibre pour qu’aucune ne domine en tout temps. Nous pouvons faire appel à certains archétypes en fonction de nos besoins et de la situation de vie dans laquelle nous nous trouvons.
Le premier, le Guérier, est le ou la super-héros, celui ou celle qui va au combat. Le second, le Magicien, est le malin ou la fée, celui ou celle qui peut tout arranger en toutes circonstances. L’Amoureux, notre aspect le plus pur – celui de l’amour pur – est l’aidant, celui ou celle qui établit des liens avec les autres. Et finalement, il y a le Souverain, le roi, la reine, le président, la gouverneure, le dirigeant, celui qui combine de façon intégrée les autres archétypes pour réaliser une vision complète de notre vie et de notre raison d’être.
Alors comment se servir de cette variété d’archétypes? Nous avons simplement à nous observer et à nous demander, par exemple, « Que dirait la Reine en moi à propos de ce qui se passe? » ou « Comment réagirait l’Amoureux en moi face à cette personne? » De plus, nous devons nous arrêter lorsqu’un déséquilibre se manifeste dans notre corps, notre cœur ou notre esprit, pour voir qui est en train de dominer.
‘Le Superman et la Superwoman d’aujourd’hui feraient bien de réévaluer l’archétype du super-héros comme faisant partie de l’être complet, qui a de la compassion envers tous les autres aspects de sa personne.’
Cette prise de conscience nous permettra de faire les changements nécessaires pour retrouver l’équilibre. Ceci est applicable même dans le quotidien; le médecin qui travaille dans une salle d’urgence, par exemple, aurait avantage à laisser son super-héros — le Guérier — au travail avant de rentrer chez lui, et l’Amoureux sera toujours mieux reçu à la maison que le Guérier.
Le Superman et la Superwoman d’aujourd’hui feraient bien de réévaluer l’archétype du super-héros comme faisant partie de l’être complet, qui a de la compassion envers tous les autres aspects de sa personne. Oui, le super-héros continue d’être celui qui sauve le monde, mais il sait aussi quand aller se coucher. Ces concepts doivent être mis en pratique de façon consistante afin d’être maîtrisés. L’alternative est qu’on se retrouve tous, hommes et femmes, épuisés et à terre.
À noter que, si vous avez lu mon article intitulé iDentité, vous vous demanderez peut-être quel est le rapport entre le principe des archétypes et celui du vrai soi. Le vrai soi prédomine les archétypes et tous les autres aspects de personnalité. On peut dire que le vrai soi comprend les archétypes, qui sont des outils nous permettant de fonctionner dans ce monde.
Image : Edgar Zuniga Jr. – StockPholio.net
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Nevine Shazli, diplômée de l’École de physiothérapie et d’ergothérapie de l’Université McGill en 1997, travaille depuis en tant que professionnelle de la santé dans le domaine de l’ergothérapie. En 2007, elle a complété une formation de professeur de yoga et depuis enseigne le yoga et la méditation à de petits groupes. Elle est aussi une pratiquante Maître de Reiki. nevineshazli.com
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