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T2 Trainspotting,
la nostalgie et rien d’autre

La suite de ce classique du cinéma peut-elle combler nos attentes ?

par Luc Archambault

22 avril 2017

Lorsqu’est sorti Trainspotting, une adaptation du roman d’Irvine Welsh, en 1997, le film a surpris les cinéphiles par son audace, son énergie, et parce qu’il avait des ‘couilles’. L’histoire était inédite en ce qu’elle se décrivait la culture des héroïnomanes dans les bas-fonds d’Édinbourg. Sur fond de trame sonore techno inédite, quatre jeunes acteurs allaient bientôt faire leur marque dans le monde du septième art : Ewan McGregor, dans le rôle de Mark Renton, Ewen Bremmer dans celui de Spud, Johny Lee Miller jouant Simon, surnommé « Sick Boy », et Robert Carlyle jouant Begbie.

T2 Trainspotting © Sony Pictures

Vingt ans après que Mark eut floué ses compagnons et refait sa vie à Amsterdam, il devient nostalgique et rentre en Écosse pour régler ses dettes envers ses anciens complices.

Ces prémisses allaient-elles se retrouver dans T2 Trainspotting, la suite de Trainspotting, tournée vingt ans après ? Le réalisateur Danny Boyle allait-il à nouveau sortir un lapin de son chapeau et clamer victoire en utilisant les mêmes acteurs, dont plusieurs ont depuis atteint le sommet du vedettaria ? Malheureusement, en dépit de tout le talent qu’il rassemble et malgré toute la nostalgie qu’il soulève après toutes ces années, T2 Trainspotting ne mène pas à grand chose, côté développement de l’histoire.

T2 Trainspotting © Sony Pictures

Vingt ans après que Mark eut floué ses compagnons et refait sa vie à Amsterdam, il devient nostalgique et rentre en Écosse pour régler ses dettes envers ses anciens complices. Il découvre alors que Simon est impliqué dans du chantage vidéo, que Spud est toujours accro, et que Begbie est en prison. Les quiproquos qui s’en suivent et les flashbacks faisant référence au premier film (pour ceux trop jeunes ou trop vieux pour s’en rappeler) vous charmeront ou vous laisseront complètement froid, dépendant de votre niveau de nostalgie. Mais la question demeure : est-ce que cette suite apporte quoi que ce soit qui puisse la mettre en valeur face au classique original ?

‘Les divers personnages ne semblent pas avoir évolué durant cette période de vingt ans.’

T2 Trainspotting © Sony Pictures

Pour moi, la suite de l’histoire ne me semble pas apporter quelque idée novatrice, ou quoi que ce soit de nouveau. Les divers personnages ne semblent pas avoir évolué durant cette période de vingt ans. Ah, bien sûr, il y a Mark qui a refait sa vie à Amsterdam. Mais que voyons-nous de cette nouvelle vie ? Bien peu. Elle est trop rapidement balayée sous le tapis. Spud veut de débarrasser de son accoutumance ? Très intéressant et prometteur, mais l’idée soulevée ne restera qu’un détail accessoire au niveau du script. Begbie reste toujours violent, fou braque même, tel que nous l’avons connu lors du film initial, et Simon, qui rejette désormais le sobriquet de Sick Boy, cherche à entrer dans la légalité en s’éloignant du chantage, par ailleurs fort lucratif, pour investir dans un bordel.

T2 Trainspotting © Sony Pictures

‘… la suite de l’histoire ne me semble pas apporter quelque idée novatrice, ou quoi que ce soit de nouveau.’

En dépit du talent et de la bravoure scénique de ces comédiens – la gestion des conflits d’horaire entre stars pour les réunir sur le plateau a dû être assez cauchemardesque – et le plaisir apparent qu’ils ont eu à faire revivre ces personnages, la principale faiblesse de Trainspotting 2 réside, à mes yeux, dans sa source, le roman T2, d’Irvine Welsh, et dans son adaptation cinématographique.

T2 Trainspotting © Sony Pictures

Le scénariste John Hodge et le réalisateur Danny Boyle ont certes accouché d’un bonbon visuel hors du temps, un clin d’œil aux adolescents qui, tombés sous le charme du film original, ne vont pas manquer sa suite, vingt ans après, et ne rechigneront même pas à payer le plein prix pour voir ce film. Ils y trouveront une œuvre qui ne remettra pas en question leurs souvenirs, mais sans trop d’originalité, surtout que la bande sonore est un copié-collé de l’original. C’est comme si le monde avait cessé d’évoluer en ces vingt ans. Ou comme si le monde avait été congelé, un peu à l’image de Begbie, revivant continuellement sa propre réalité derrière les barreaux. Une rancune de vingt ans, c’est certes impressionnant et fort, mais est-ce là une bonne source d’inspiration cinématographique ? Pas vraiment, du moins pas entre les mains de Danny Boyle.

‘C’est comme si le monde avait cessé d’évoluer en ces vingt ans.’

T2 Trainspotting © Sony Pictures

Je recommande donc ce film uniquement aux nostalgiques qui ne s’objectent pas à regarder de la peinture sécher sur un mur, parce que c’est exactement la sensation que vous éprouverez. Vous serez déçus si vous souhaitez voir un tant soit peu de développement de personnage pour ces quatre protagonistes : Ils sont prisonniers d’une capsule hors du temps et ne s’en s’échapperont pas. Et c’est un peu triste, selon moi, parce qu’à trop vouloir s’enraciner dans le passé, on s’empêtre dans les chemins connus et on se retrouve loin de toute proposition nouvelle. On aurait espéré une vision renouvelée et un nouveau souffle à l’histoire aurait été plus que bienvenu.

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Aussi innovateur qu’ait été le film original, T2 Trainspotting ne cherche qu’à étirer la sauce et ressusciter sa pertinence passée, ce à quoi il échoue au final. Et c’est malheureux car les espoirs étaient grands. Mais il ne fallait que lire le roman pour abaisser ses expectatives et ne s’attendre qu’au piètre résultat à l’écran qui n’inspire qu’une tristesse mêlée d’effroi, si ce n’est l’ennui.

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Images : © Sony Pictures

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Luc Archambault WestmountMag.ca

Luc Archambault
Écrivain et journaliste, globe-trotter invétéré, passionné de cinéma, de musique, de littérature et de danse contemporaine, il revient s’installer dans la métropole pour y poursuivre sa quête de sens au niveau artistique.


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