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La lutte pour la vérité :
des chiffres révélateurs

Matthew Harrington présente le « Baromètre 2018 » au CORIM

Par Jean-Luc Burlone

Lors de la conférence intitulée « La lutte pour la vérité » M. Matthew Harrington, chef des opérations de la firme Edelman, a présenté au CORIM le « Baromètre 2018 », un sondage qui indique le niveau de confiance de la population mondiale envers les institutions telles que ONG, médias, gouvernements et le milieu des affaires.

L’information est pertinente et le sujet est d’actualité. Beaucoup s’inquiètent de la polarisation des idées, de la croissance des inégalités et de l’absence de cohésion sociale. Apprendre que le niveau de confiance envers les institutions augmente est rassurant mais constater que ce niveau demeure très faible est inquiétant.

Les résultats en chiffres

Un échantillon de 33 000 répondants de 28 pays a participé à cette 18e édition du sondage. L’échantillon est divisé entre la population en générale et un public informé, qui représente 15% de l’échantillon total. En général, le niveau de confiance de la population en générale est plus faible que celui du public informé, noté entre crochets (#).

Beaucoup s’inquiètent de la polarisation des idées, de la croissance des inégalités et de l’absence de cohésion sociale.

Sur une échelle de un à 100 points, un pointage de 60 et plus indique un bon niveau de confiance, de 50 à 59 est le niveau neutre et moins de 49 indique un manque de confiance, voire de la méfiance.

Un constat des plus frappant est la chute de la confiance envers les institutions américaines notée à 43 (45) points alors que la confiance en la Chine a atteint le niveau élevé de 74 (83) points. Quant au Canada, il est à 49 (62) points. Quoique la confiance revienne vers les institutions, les gouvernements demeurent les grands perdants et leurs niveaux de confiance stationnent à 49 (59).

‘Un constat des plus frappant est la chute de la confiance envers les institutions américaines.’

De même, le sondage révèle un faible mais légèrement croissant niveau de confiance envers les patrons des grandes entreprises. La perception comme quoi les PDG recherchent le profit avant tout perdure. Les grands gagnants sont nettement les experts techniques et académiques.

Matthew Harrington, chef des opérations de la firme Edelman – WestmountMag.caM. Harrington souligne que les entreprises ont tout à gagner et peu à perdre en gagnant la confiance de la population car l’impact d’un leadership social sur la rentabilité de l’entreprise varie de nul à profitable mais il est rarement négatif.

Pour l’ensemble des populations, la désinformation et l’utilisation de l’information comme arme sont les principales préoccupations. Cela peut expliquer la remonté de la crédibilité des journalistes professionnels. La remontée des médias traditionnels est moindre car la population craint que les médias préfèrent défendre une idéologie plutôt que d’informer objectivement, et de s’intéresser à leurs cotes d’écoute plutôt qu’à la qualité de l’information.

Les solutions envisagées

Au delà des chiffres, des solutions se développent pour répondre à l’anxiété des populations face à l’impact des fausses nouvelles, des faits alternatifs et des messages haineux. Afin de rétablir la confiance et de rehausser le débat public, trois approches embryonnaires sont sur la table de travail d’instituts de recherche.

Premièrement, un changement profond mais difficile car il demande de modifier un modèle d’affaire dont la profitabilité dépend de l’attribut viral de l’information pour un modèle où la profitabilité dépendra de la qualité de l’information.

‘Afin de rétablir la confiance et de rehausser le débat public, trois approches embryonnaires sont sur la table de travail d’instituts de recherche.’

La deuxième solution est la revue d’une nouvelle par des journalistes impartiaux. C’est une approche inspirée des journaux académiques qui demandent à un panel de pairs de valider un papier soumis à la publication. La dernière approche vise à rendre les algorithmes transparents de façon à repérer et à prévenir toute manipulation de l’information.

D’autres solutions de fonds visent carrément à remplacer les institutions qui sont à la source de la lassitude démocratique, ce qui favorise l’attrait des régimes illibéraux et autoritaires. Ces solutions utiliseraient la technologie, notamment le Blockchain, pour développer de nouvelles institutions (représentations démocratiques, élections…) aptes à contrôler la convoitise des élites, à limiter l’influence des groupes d’intérêts et valoriser la participation publique.

‘D’autres solutions de fonds visent carrément à remplacer les institutions qui sont à la source de la lassitude démocratique…’

Par exemple : 1) offrir une plateforme où le public exprimerait sa volonté; 2) autoriser des responsables qualifiés à canaliser cette volonté en une politique non partisane; 3) soumettre cette politique au vote public et; 4) implanter la politique par un gouvernement intelligent, géré par des experts.

De nouvelles institutions seront nécessaires pour réparer le dommage démocratique causé par une mauvaise utilisation de l’information. Il est essentiel de reconnaitre la même réalité afin d’établir une cohésion sociale. Autrement, la gestion politique devient très difficile alors que nos sociétés deviennent de plus en plus cosmopolites et que les diverses cultures affirment leurs spécificités.

Button Sign up to newsletter – WestmountMag.caImages : Sylvie-Ann Paré

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jean-luc_burlone

Jean-Luc Burlone, Ms. Sc. Economie, FCSI (1996)
Analyse économique et Stratégie financière
jlb@jlburlone.com

Ce texte représente mon opinion suite à la conférence de M. Harrington et à la revue de la presse économique et financière. le 31 mars 2018. – JLB

Fellow de l’Institut canadien des valeurs mobilières (FCSI), Jean-Luc Burlone a une excellente connaissance de la gestion des produits financiers et il détient une maîtrise en économie de l’Université de Montréal avec une double spécialisation en économie du développement et en économie internationale – finance et commerce.



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